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En marge chez les LGBT comme chez les hétéros, les bisexuels veulent sortir du placard : « Tout nous dit qu’on n’existe pas »

Un paquet de bonbons passe de main en main comme circulent les récits communs, ce soir-là. Sur des fauteuils de velours colorés, au sein des locaux de l’association le MAG jeunes LGBT+, à Paris, une vingtaine de personnes sont regroupées en cercle pour échanger durant deux heures entre pairs. Agées de 20 à 40 ans, toutes se définissent comme bisexuelles, certaines d’entre elles comme pansexuelles (attirées par des personnes sans considération de leur sexe ou de leur genre).
Pour la plupart, c’est la première fois qu’elles se rendent dans un groupe de parole, et même – plus important encore – dans un événement estampillé bi. « Je suis si contente d’être ici, car je n’ai pas d’accès à une communauté bi, et je n’ai aucun ami bi avec qui échanger », commence une femme, la vingtaine, reconnaissante d’avoir réussi à obtenir une place dans l’un de ces cercles, prisés après un peu plus d’un an d’existence.
Alors que les lesbiennes et les gays se sont depuis longtemps constitués en communautés et disposent de lieux spécifiques où se rencontrer, peu d’espaces de ce type existent pour les bisexuels. Pas d’endroit, donc, pour partager leur réalité, eux qui sont soumis à des discriminations, au même titre que les autres queers… Et alors qu’ils peinent par ailleurs à se sentir à l’aise dans les communautés LGBT+, qui les marginalisent.
Ce soir-là, ils découvrent un endroit où ils sont enfin certains et certaines de ne pas être catalogués comme « un ou une hétéro curieuse » qui cherche à « s’amuser », qui ne vit qu’une « passade », pointent plusieurs. Ou comme « un gay qui ne s’assume pas à certains moments, puis comme un hétéro caché à d’autres », raille un homme proche des 40 ans, chemise et chaussures noires pointues, venu directement après le bureau. Autant de stéréotypes auxquels ils se confrontent régulièrement et dont ils dissertent en écho.
« C’est important d’offrir aux personnes bis, pan ou en questionnement, un endroit où elles peuvent se légitimer dans leur identité », explique Lu (la plupart des témoins n’ont pas souhaité que leur nom de famille apparaisse), 26 ans, une des membres du collectif Bi Pan Paris, qui organise le groupe de parole ce soir-là. Créé en février 2023, le groupe fait partie des jeunes collectifs nés récemment pour combler le manque d’espace d’entraide entre personnes bis, à la manière des BiSextiles, ou du FourBi à Dijon.
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